La nouvelle serait-elle en train de gagner en popularité au Québec?
Peut-on parler d’une nouvelle tendance? Après tout, le genre n’est-il
pas parfait pour ce monde filant à la vitesse grand V? Vous relisez
toujours les mêmes trois pages de votre roman avant de vous endormir,
brûlé par votre journée harassante? Pourquoi ne pas choisir une
nouvelle, vous y plonger et, qui sait, laisser ses personnages habiter
vos rêves ou revenir vous hanter quelques jours, quelques semaines
après, au détour d’une conversation, d’une attente qui pourrait se
révéler stérile?
J’ai lu Quand les guêpes se taisent, le recueil de Stéphanie Pelletier,
notre recrue ce mois-ci, en août, dans une salle d’attente. En d’autres
temps, j’aurais été horripilée par les heures gaspillées dans ce lieu
aseptisé, dépourvu de toute humanité, mais les personnages de Stéphanie
Pelletier m’ont tenu compagnie; plus, j’ai cru devenir témoin
privilégiée de leurs doutes, de leur fragilité. Cette femme qui va voir
son amant mourant à l’hôpital pendant que l’absence de la légitime,
cette jeune femme qui découvre la faille de son père, cette autre qui
chante Leonard Cohen pour fuir sa réalité (nouvelle qui avait retenu mon
attention déjà dans le numéro de Moebius consacré au géant
montréalais), ces autres qui ne savent pas comment aimer, cette mère
incapable de faire face à sa vie une seconde de plus, j’ai l’impression
de les connaître personnellement. Certains jours, je me demande ce
qu’elles sont devenues. Et que dire de ce troublant hommage à Karrick
Tremblay, plume fabuleuse trop tôt disparue, qui clôt le recueil? En
prologue – ou en prolongement –, l’auteure se révèle dans notre questionnaire. «
Prendre le temps de regarder la vie, ne jamais penser qu’une chose est
trop petite ou insignifiante pour en parler, savoir s’émerveiller et
s’étonner sans cesse, ne jamais considérer que le monde nous est acquis.
Il me semble que ce sont des clefs, non seulement pour porter sur
l’univers un amour libre et heureux, mais aussi pour écrire et ne jamais
manquer d’inspiration. » Vous pourrez aussi l’entendre lire deux extraits de son recueil.
Pour lire la fin de mon édito et consulter le numéro courant de La Recrue du mois, c'est par ici...
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