« Le lecteur, si vraiment il s'engage dans sa lecture, devient un personnage lié au roman qu'il lit puisqu'il entre à son tour dans l'histoire et refait, à sa façon, tout le parcours du texte. Mais ce personnage échappe totalement au pouvoir, à la volonté, à l'imagination de l'auteur du livre dont il n'est pas une "création", mais un invité. Un drôle d'invité, anonyme, venu on ne sait d'où, qui arrive à l'improviste et sort quand ça lui chante de l'espace du livre, sans souci de ponctualité, de la moindre convenance, qui s'y attarde ou le traverse à toute allure, riant, bâillant d'ennui, râlant, applaudissant ou se moquant, selon son humeur, sa sensibilité, ses intérêts. Les grands romans grouillent ainsi d’hôtes anonymes qui fouillent dans les coins, dérobent par-ci, par-là une poignée de mots, une ou deux idées, quelques images qu’ils utilisent dans leur vie. »
Comment peut-on disparaître de la vie de nos proches? Combien de temps cela prendra-t-il avant que plus personne ne se souvienne de nous? Ce livre dense, qui n'a pourtant rien d'hermétique, nous confronte à notre propre humanité, presque jusqu'au vertige. Le hasard a voulu que je le termine après avoir vu Parade d'états, un cabaret post-post-existentiel sous titré « Être, paraître, disparaître ». Un curieux écho, quand même...
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