Dès la première page, d'une redoutable efficacité, je me suis sentie happée par le livre. Même si ces adolescents pieux d'une autre ère (celle de l'auteur ou de ses parents peut-être) auraient pu sembler à des lieues de moi, presque instantanément, j'ai accepté de me glisser dans l'ombre du narrateur, de ses amis Bobby, Le Saint, Luca, j'ai senti la belle Andre tout brûler sur son passage, se consumer de l'intérieur. (L'auteur effleure d'ailleurs avec une grande délicatesse ici le thème de l'anorexie.) Au fil des pages, j'ai accepté d'entrer de plus en plus dans leurs blessures, que je n'en sortirais pas entièrement indemne.
« Nous sommes comme ça, nous utilisons plein de mots dont nous ne connaissons pas la signification et l’un d’eux est le mot douleur. Un autre est le mot mort. »La magie opérant, j'aurais aimé me joindre à ce groupe de rock chrétien, sentir la main du narrateur sur ma cuisse sous le plaid, avaler un sandwich au bar un soir tard, découvrir l'amour physique avec fulgurance lors d'une fête surprise. J'aurais voulu pouvoir écrire certaines des perles glissées ici et là dans le texte, par exemple, celle-ci qui prolonge, quelques pages après, la première citation:
« Timidement, il s’est mis à fouler une terre désolée où les mots douleur et mort ont une signification précise – dictée par Andre, et écrite dans notre langue avec la graphie de nos parents. »
Ceux qui aiment le Baricco des contes philosophiques seront peut-être déçus. Les autres se laisseront sans doute, comme moi, toucher par cet opus d'une profonde humanité, qui nous renvoie à notre finitude autant qu'à notre besoin de rêver, de croire, de créer.
2 commentaires:
fan absolue de Barrico depuis Soie et surtout Novecento... je viens de me rendre compte que je dois encore lire City, acheté lors d'un précédent voyage en Italie :-)
Tous ces points en commun entre nous :)
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