vendredi 1 février 2013

Appassionata: lier hier et demain

Photo de Stéphanie Bélanger
Fondé en 2000 par Daniel Myssyk, qui dirige l’orchestre de chambre avec une passion en rien émoussée, Appassionata présente chaque saison une quinzaine de concerts, en plus de s’investir auprès du public de demain dans le cadre de présentations scolaires. Ainsi, son projet articulé autour du Carnaval des animaux, qui revisitait cet incontournable du répertoire tout en introduisant les jeunes à l’anthropomorphisation et à la biodiversité, a rejoint plus de 4000 enfants au cours des trois dernières années.

Alors que d’autres pourraient souhaiter se reposer sur leurs lauriers après avoir franchi le cap de la première décennie, la formation a plutôt préféré se redéfinir. « Appassionata a choisi de se recentrer sur les classiques, de devenir le porte-étendard de la première école de Vienne, en misant notamment sur Haydn, Mozart et Beethoven », explique Daniel Myssyk en entrevue. Trois symphonies de Haydn, « Le matin », « Le midi » et « Le soir », se révèlent d’ailleurs le fil narratif de la saison 12-13.

Alors que le concert automnal jumelait Haydn et Beethoven, à travers sa Première Symphonie, « matin du grand symphoniste qu’il deviendra », celui présenté le 26 février salle Bourgie mettra en lumière des musiciens de la relève, tous lauréats de la dernière édition du Concours de musique du Canada : le pianiste Jean-Michel Dubé (grand prix 2012, catégorie 19-30 ans) dans un mouvement du Deuxième Concerto pour piano de Beethoven, le clarinettiste Joshua Zung (1er prix dans la catégorie Vents 2012, 15-18 ans) dans une œuvre virtuose de Rossini et la soprano Florie Valiquette (3e prix au Tremplin 2012) dans le sublime Exsultate jubilate de Mozart. « Le public aime découvrir de nouveaux talents, avance le chef. Dans cette ère de glorification instantanée, le parcours semé d’embûches du musicien et son assiduité au travail suscitent l’admiration! » Le programme comprend également le concerto grosso Dumbarton Oaks de Stravinski et la création de Lux du compositeur montréalais Stewart Grant hommage à la fougue de la jeunesse. « Cela nous permet de faire sentir la chaleur, la vitalité; autant de paramètres qui s’intègrent à la programmation et possèdent un potentiel d’unification. » Ici, maîtres anciens et de demain non seulement cohabitent, mais s’enrichissent et se nourrissent. 

Le chef admet volontiers que le développement de public reste un défi de tous les instants : « Chaque organisation doit faire énormément d’efforts pour tenter de démocratiser la musique classique, attirer puis fidéliser un nouveau public. » Il s’agit notamment d’instiller un sentiment d’appartenance, de prendre les moyens pour que l’orchestre, qui a obtenu la reconnaissance de ses pairs, puisse rejoindre maintenant un public plus large.

Plusieurs risques calculés ont été pris par la formation au fil des ans, qui ont fini par payer. En effet, en cette période économique souvent difficile, le chiffre d’affaires d’Appassionata a grimpé de 224 % depuis 2009. Des concerts en Ontario en vue, ainsi qu’une deuxième tournée aux États-Unis ou peut-être en Amérique du Sud en 14-15, l’élaboration d’un nouveau programme pour les écoles et la mise en place de politiques de rétention de public. L’immobilisme ne fait certes pas partie des projets d’Appassionata. Après tout, les rêves permettent d’avancer mais, comme le rappelle Daniel Myssyk, « Avant toute chose, nous jouons pour du monde! »

Les détails du concert ici...




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