« J’attends qu’une musique réconfortante
s’immisce entre les stridences
seuls existent ici les temps ronds et étirés
le désaveu de ta main contre la mienne
le daguerréotype que forment tes lèvres sur mon visage
collées à l’écran défoncé de la brunante »
Écrire l'amour comme on compose un blues, en choisissant une série d'accords, en multipliant renversements et progressions, en déstructurant le rythme, en atteignant autrement une musicalité. Ici, le blues n'est pas spleen, tout au plus nostalgie. Déposés comme autant d'improvisations s'appuyant sur des cadres thématiques définis, les poèmes de Paul Savoie évoquent la femme aimée aujourd'hui, hier, mais aussi autrefois (une grand-mère qui a sans doute instillé chez l'auteur amour des sons comme des mots), n'hésitent pas à mâtiner les harmonies en y intégrant quelques notes étrangères, qui démontrent leur pertinence et leur beauté en se résolvant. Si le recueil prend quelques pages avant de révéler sa pulsation, il finit par nous rejoindre de façon subtile, presque organique. Une délicieuse petite musique, de nuit ou d'après-midi.
« tout sonne faux
comment puis-je vivre d’un tel accord
ces trois notes agencées de sorte
à me faire perdre le souffle
j’ajoute une note
et la stridence qu’active le petit doigt
me fait chavirer »
1 commentaire:
Une jolie couverture pour une belle inspiration poétique !
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