J'ai découvert Woodkid au début février, lors de la sortie du clip pour I love you, un bijou en noir et blanc, que j'avais illico partagé avec vous. Bien sûr, je n'en resterais pas là. Dès le lendemain, je commençais à arpenter les corridors du Net pour m'approprier le son bien particulier de ce surdoué qui, après une formation en piano classique, s'est plutôt dirigé vers le graphisme et la réalisation de vidéos, pour des grosses pointures telles Lana del Ray, Taylor Swift et Katy Perry. J'ai résisté quelques jours tout au plus lors de la sortie de son premier album avant de l'acheter, charmée par cette pop intelligente que je qualifierais de cinématographique. Les arrangements se veulent touffus, l'échantillonnage jamais gratuit, la voix riche, les textes plutôt travaillés. J'étais donc particulièrement fébrile de le découvrir en spectacle, dans le cadre du Festival de jazz de Montréal. (Les organisateurs ont-ils écouté attentivement cet album? Qu'a-t-il de jazz? Mais ne boudons pas notre plaisir.)
Massées à quelques mètres de la scène d'un Metropolis bondé, derrière un duo de géants, Topinambulle et moi trépignions d'impatience, incapables d'accrocher à la pop-électro gentillette de Mozart's Sister. Une impression d'avoir été invitées dans un loft industriel et d'être témoins d'une improvisation, certes sympa, mais pas particulièrement aboutie. Enfin, la musique d'ambiance s'est tue et les comparses de Woodkid se sont installés, vêtus de noir, plus grands que nature. L'appel des cuivres, porté notamment par le souffle du tuba, a suffi à transporter la salle en quelques secondes. Visiblement, la salle (et je m'inclus) était conquise d'avance, saluant le chanteur français comme s'il était un héros. Quelques notes de Baltimore's Fireflies ont suffi pour comprendre que ce serait un grand soir, que le spectacle se voulait conceptualisé de A à Z, que la puissance des instrumentistes ferait trembler la baraque (et vriller les tympans), que les éclairages ne relèveraient pas de l'improvisation et que les projections demeureraient au service de la musique. Ces premières images d'une immense cathédrale coupaient le souffle, les deux percussionnistes, au début silencieux, servant d'une certaine façon de gardiens du temple de chaque côté de l'écran.
Woodkid et ses sept complices - un claviériste, un programmeur, un trompettiste, deux trombonistes dont l'un faisait aussi office de tubiste et deux percussionnistes tout simplement explosifs; on aura rarement eu droit à une telle charge de testostérone sur une même scène - allaient chauffer la salle à blanc, faisant monter la clameur quand bon leur semblait, mais la forçant également à une écoute attentive, par moments presque religieuse.
Toutes les plages de l'excellent premier album The Golden Age ont été exploitées au maximum, s'inscrivant dans un tout cohérent, qui se déclinait en noir et blanc, qui nous a laissés le souffle coupé, le cœur un peu en rade (quoi? déjà terminé?) après un explosif Run Boy Run. Je serai assurément en salle lors de son prochain passage à Montréal, dans un habillage symphonique peut-être?
2 commentaires:
C'était magique comme ambiance !
Ravissant aussi de voir comment l'image et la musique peuvent collaborer sur scène.
Merci Lucie pour cette belle découverte :)
Merci d'avoir été là! :)
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