Rendez-vous annuel devenu incontournable, les Laissés pour
contes est placé cette fois sous le thème de l’ignorance, malheureusement toujours
d’une rare actualité. Mise en scène par Patrick Renaud, celle quatrième édition
se décline en six tableaux qui nous font passer de la légèreté exubérante de Conseil d’ami à l’extrême violence de Rose nanane. Détail intéressant : la
maternité (et la paternité) jouent un rôle-clé dans quatre des six textes.
Hasard? Signe des temps?
Écrit et interprété par Alexandre Dubois, Conseils d’ami (proposé en segments, ce
qui facilite les ajustements au décor) met en vedette un acteur qui tente de
convaincre son amie (qu’il ne traite pas souvent comme telle) de ne pas tenter
sa chance dans le milieu. Avec beaucoup d’humour, on voit défiler l’un après l’autre
tous les clichés associés au genre.
La part d’ombre de
Pierre Chamberland, également fondateur et directeur artistique, se veut une
tranche de vie savoureuse, dans laquelle la narratrice exprime sa frustration
par rapport au manque de disponibilité de son copain, qui travaille trop et ne
trouve pas le temps de rénover le sous-sol sur terre battue de son triplex ou d’avoir
des enfants. Brigitte Soucy démontre l’étendue de sa palette dans cette
histoire de faux-semblants.
Dans Rose nanane
de Pierre-Marc Drouin, Alphé Gagné interprète avec brio un personnage natif de
Sorel qui, quelques jours avant de devenir père, se rappelle un événement de
son adolescence, l’homophobie et la violence servant d’élément déclencheur. À
donner froid dans le dos!
La grossesse de
Jean-René Bérard semble de prime abord simple peinture de société - la
comédienne Audrey Rancourt-Lessard se déplaçant au fil de l’histoire derrière
un décor constitué des personnages principaux de l’histoire. (Si ces déplacements
et multiples incarnations font d’abord sourire, ils finissent par alourdir un
peu la transmission du texte, la comédienne devant prendre le temps à chaque
scène de se glisser derrière le personnage ciblé.) On y rit beaucoup, avant que
l’auteur ne tire le tapis de sous nos pas.
J’aurais donc dû
de (et interprété par) Danielle Fichaud se veut le réquisitoire d’une mère, féministe jusqu’à la moelle, qui
cherche à comprendre comment sa fille, qu’elle croyait avoir si bien élevée, a pu
se faire battre par son amoureux. Cela donne un texte dense, presque trop par
moments (comme si l’auteure avait tenté de dresser un portrait le plus complet
possible d’une époque en quelques minutes), qui laisse la mère face à un
constat d’échec.
S’inspirant d’un fait divers dans lequel un handicapé mental
s’était fait battre alors qu’il attendait l’autobus au métro Angrignon, Le mal des transports de Juliane
Léveillé-Trudel (interprété avec une belle retenue par Jani Pronovost) suscite
avec adresse le malaise et la réflexion. Auriez-vous osé venir en aide à ce
jeune homme ou auriez-vous détourné le regard comme tous ceux présents?
Peut-on encore vivre en société, être capable d’établir des
relations vraies? Pour y arriver, il faudra assurément beaucoup de courage,
thème de la prochaine édition. On a déjà hâte!
2 commentaires:
Théâtre et musique ne sont pas des arts qui me touchent beaucoup. Je suis plutôt cirque et Fred Pellerin ou assimilé mais je suis content d'avoir de tes nouvelles.
Le Papou
Je ne te connaissais pas circassien. J'en prends bonne note!
J'ai plusieurs amis qui ne sont pas théâtre (mais dans ce cas-ci, c'est autre chose) et je ne réussis pas à mettre le doigt sur ce qui plaît - ou pas - dans cet art. Je vais peut-être finir par trouver! :)
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