Un spectacle peut susciter l’attente, un autre la surprise, Mérédith de Marie-Christine Lavallée par
exemple, mis en scène par Jean-François Lapierre. Une de ces soirées où tout
peut se passer, car au fond on n’a rien pris le temps d’imaginer.
Photo: Samuel Johnson |
Une telle prémisse nous mène spontanément vers l’univers d’Ionesco,
mais cela n’a rien à y voir en réalité. Il est plutôt question de cette
solitude vécue par tant d’entre nous. Parle-t-on ici d’une tare des grandes
villes? Dans le monde virtuel dans lequel on vit, il est permis d’en douter… J’ai
aussitôt fait le parallèle avec le film Her,
cette histoire troublante - et touchante -, si contemporaine, dans lequel un
jeune homme entretient une relation qu’il croit essentielle avec un ordinateur,
jusqu’à ce qu’il découvre que cette « femme » idéale entretient des
centaines de relations parallèles avec d’autres usagers.
Le propos est certes intéressant, mais Mérédith va plus loin. Le travail sur la langue de Lavallée se
révèle particulièrement intéressant, l’auteure multipliant assonances et allitérations.
J’ai d’ailleurs cru que j’avais affaire à une adaptation d’un texte européen,
sans que cela ne sonne jamais faux. (On ne saurait trop pousser les
intervenants à proposer le tout en Europe…) On se glisse avec grand plaisir
dans ce texte, porté avec grand aplomb par Geneviève St Louis, qui transmet
avec autant d’aisance rire franc (la sortie au bar de Mérédith est
particulièrement bien amenée) que pincements de cœur. Une impression de
complicité plus que de virtuosité se dégage de la chose.
Et si nous étions tous un peu Mérédith?
Petite salle du Prospero
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