Les attentes sont faites pour être défiées et c'est tant mieux. Je n'en avais pas beaucoup, à vrai dire, avec Boum, one-man-show de Ricky Miller, qui collectionne les projets hybrides et qui a notamment travaillé avec Robert Lepage. Je m'attendais à un tour de chant, dans lequel Miller aurait enchaîné les imitations, refaisant vivre aux baby-boomers (dont je ne suis pas) les émotions de leur jeunesse, mais le spectacle va bien au-delà de la prouesse vocale et des aptitudes de l'interprète de confondre le public à l'oreille.
Il est plutôt question d'une leçon d'histoire nouveau genre, la petite (celle de trois personnages principaux, ayant vécu cette époque) se mêlant à la grande. En un véritable feu roulant, Ricky Miller évoque certains moments historiques clés (d'autres défilant sur un astucieux écran transparent cylindrique pendant qu'il chante). Pas de temps mort, mais néanmoins aucune sensation d'étourdissement. (Quand on réfléchit au nombre d'heures de recherche et de répétitions pour que tout cela roule sans heur, on ne peut qu'être soufflé!) On a le temps d'assimiler aussi bien les histoires des charmants personnages principaux que de revivre les événements historiques importants, incluant une belle brochette de moments 100 % canadiens. (Si on nous avait présenté le cours d'histoire du Canada de façon aussi dynamique, on aurait sans doute retenu plus que des bribes... La production devrait faire merveille auprès du public adolescent.)
Miller a étudié en architecture avant de se tourner vers le théâtre et cela se immédiatement perceptible. Chaque choix (audio ou vidéo) s'articule comme une série de blocs parfaitement encastrés les uns dans les autres, chose suffisamment rare au théâtre pour ne pas être mentionné.
La suite (années 1970-80) compte parmi les projets de Miller des prochaines saisons. Hâte de voir comment celui-ci pourra évoquer son époque plutôt que celle de ses parents.
Jusqu'au 10 avril au Centre Segal
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