Oui, plusieurs iront voir Quills pour Robert Lepage et on reconnaît indéniablement la facture si particulière de ses spectacles (la scène circulaire ou les trappes dans le plancher par exemple), mais cela va encore bien plus loin. Oui, il est question de Sade, de ses excès, de sa cruauté, de ses dernières années passées emprisonné, mais la pièce de Doug Wright va bien au-delà de l'anecdotique ou du choquant. Elle se lit plutôt comme un pamphlet contre la censure, qu'elle soit littéraire, sociale ou politique, malheureusement encore plus pertinent aujourd'hui que lors de la création de la pièce en 1995.
La magistrale traduction de Jean-Pierre Cloutier (qui tient également le rôle de l'Abbé de Coulmier et assure la co-mise en scène), qui intègre des termes en français d'époque, ajoutant un indéniable cachet d'authenticité au tout. Malgré la modernité évidente de la scénographie (une série de jeux de miroirs qui nous renvoie à la nature même des faux-semblants), on a l'impression d'un retour dans le temps, de vivre les aventures du marquis (brûlé en effigie en 1772 pourtant) presque en temps réel.
Portée par une distribution sans faille (incluant Robert Lepage, qu'on voit trop rarement dans des productions qu'il n'a pas signées, dans le rôle-clé du marquis) et par des images d'une grande puissance, qui favorise les doubles lectures, Quills se rapproche indéniablement de l'Oeuvre d'art totale qui faisait tant rêver Wagner.
Rarement a-t-on l'occasion d'être témoin d'un tel moment de théâtre.
Jusqu'au 9 avril à l'Usine C
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire