Si nous privilégions une certaine mémoire de la chanson populaire, on ne peut malheureusement pas en dire autant de la danse, classique on contemporaine. Pourtant, au Québec, nous avons eu des danseurs exceptionnels, devenus dans plusieurs cas mémoires vivantes.
C'est le cas de Vincent Warren. Si vous avez 50 ans et plus, il est fort à parier que vous l'avez vu danser, sur scène en qualité de premier danseur des Ballets canadiens ou à la télévision (à cette époque bénie quand pièces de théâtre, concerts et ballets étaient proposées sur la chaîne d'état toutes les semaines). Certains se rappelleront aussi peut-être de sa performance envoûtante dans le Pas de deux de Norman McLaren.
Le film de Marie Brodeur adopte une narration chronologique, nous offrant des photos des premières leçons de ballet du cadet d'une imposante famille, puis de sa période au Metropolitan Opera, où il croise notamment Stravinski. Cela aurait pu être intéressant, mais sans plus, mais sans compter sur l'indéniable charisme indéniable de Warren, qu'il se produise sur scène ou qu'il se raconte.
Polyvalent, il dansera, tout aussi bien dans les ballets qu'avec des compagnies de danse contemporaine (il était l'un des rares aussi polyvalents), en faisant un chouchou des chorégraphes. À 40 ans, il choisit la retraite en 1979 avec le ballet Adieu Robert Schumann de Brian Macdonald (que le chorégraphe refuse de voir dansé par d'autres), qui mettait également en vedette la grande contralto Maureen Forrester (quelle soirée!). L'histoire pourrait s'arrêter là, mais sans compter sur le dynamisme de Warren qui se plongera dans l'enseignement, mais aussi l'élaboration d'une importante bibliothèque de danse (la plus impressionnante au Canada).
Un être fascinant que l'on voudrait avoir comme voisin, comme ami.
Dimanche 20 mars 17 h, Musée des beaux-arts
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