Depuis l’habile Je
suis un écrivain japonais de Dany Laferrière, une vague nippone semble
doucement déferler sur le Québec, comme en témoignent par exemple Les cheveux mouillés de Patrick Nicol, la
popularité de nombre de recueils de haïkus ou encore de Tsukushi d’Aki Shimazaki (émigrée au Canada depuis 1981, qui publie
en français depuis 1999). Est-ce parce que l’esprit triomphe sur la matière,
que les émotions ne sont qu’effleurées, que le raffinement n’exclut pas une
certaine cruauté, toujours parfaitement maîtrisée? François Gilbert, notre
Recrue ce mois-ci, qui a campé son premier roman entre Chine et Japon, le
perçoit différemment. « L'écriture d'un roman est une façon détournée de me poser la
question de l'identité, et d'y apporter une réponse, explique-t-il
en réponse à notre questionnaire. Écrire c'est
précisément partir à la rencontre de ce qui ne pourrait être révélé autrement
que par l'écriture. Ce qui toujours, chez moi, la stimule, c'est l'envie de
connaître mon univers secret. Tout ce qu'il y a en moi de “pas réglé ” crée une
présence, un autre, qui sera le fondement de l'écriture. L'acte de création y
puisera son énergie et tout le processus s'organisera autour de ce centre, à
commencer par la composition du personnage. Ce dernier servira de forme à la
présence, pour qu'elle semble totalement extérieure à moi, pour que j'arrive à
l'approcher, à entendre sa voix distincte. »
Pour le lecteur, comment ce travail sur le soi qui devient
autre – ou serait-ce plutôt l’autre qui devient soi? – se transmet-il? Tous l’ont
reçu avec un même enthousiasme. « Coma est un récit d'une incroyable beauté, par un
auteur à surveiller absolument
», avance Rachel Bergeron. « Le résultat est un roman magistral qui possède une maturité
d’écriture qu’on trouve en général chez les écrivains qui ont quelques titres
derrière eux; un roman qui devrait se trouver dans la liste des meilleurs
premiers romans, voire romans tout court, de l’année 2012 à l’heure des bilans »,
entérine Christine Champagne.
Trois autres déclinaisons du voyage vous sont proposées en complément. First Class de Myriam Bouchard tente de faire rimer dépaysement et ressourcement, dans une Inde loin des lieux communs. Détour par First Avenue de Myrtelle Devilmé, qui se déroule entre Port-au-Prince et New York, mêle Histoire, politique et amour. Dans la catégorie « hors-Québec », Rémy-Paulin Twahirwa a lu Le sillage de l’oubli de Bruce Machart, une grande saga à l’américaine, mais dans laquelle la culture tchèque joue un rôle essentiel.
Autant de périples qui sauront vous inspirer, en ces ultimes
semaines d’été…
Découvrez-les en vous appropriant le dernier numéro de La Recrue du mois ici...
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