mercredi 1 août 2012

Monsieur Chopin ou le voyage de la note bleue

Depuis quelque temps, je me penche sur des livres jeunesse, la plupart liés directement à la musique classique, afin d'analyser comment on peut transmettre à la fois informations et émotions (dans le but avoué de pouvoir renouveler la façon dont j'ai abordé jusqu'ici la rédaction de documents pédagogiques), mais aussi , il faut bien l'admettre, pour le pur plaisir de me faire raconter autrement une histoire que je connais déjà.

Dans Monsieur Chopin ou le voyage de la note bleue, Carl Norac a privilégié la forme épistolaire, un jeune Frédéric écrivant à son meilleur ami Titus, lui racontant la musique, ses amours, les gens qu'il croise, sa façon d'aborder le piano, la composition, la recherche le fameuse « note bleue » (expression que l'on doit à George Sand). « La musique me comprend, toujours. C'est le début de l'amour. » Il lui rappelle aussi combien leur amitié lui est essentielle.  
« Ta lettre m'a réjoui, extro, extra, extrissime. Je ne t'en veux plus, Titus tête de bois. Aujourd'hui, j'ai compté: je célèbre notre amitié depuis 42 144 000 secondes. […] Ah Titus, ton absence me cause du regret. Il serait si agréable de causer avec  toi, de s'amuser, de chanter, de se bagarrer. Voilà, petite âme, une tape sur ton dos d'ange. »

Jacques Bonnaffé offre une narration complice du texte, même si on aurait peut-être souhaité ici et là une plus grande distanciation de timbres entre les lettres de Frédéric et celles de Titus (ou deux lecteurs). Les illustrations de Delphine Jacquot favorisent l'évasion par le rêve, périple imaginaire porté par une interprétation soignée de la pianiste Shani Diluka qui traite avec autant de délicatesse mazurkas, barcarolle que préludes. Soulignons que trois œuvres de Chopin (qui exigeront un certain investissement du jeune auditeur) sont présentées en version intégrale, histoire de prolonger l'expérience une fois le livre refermé: la Quatrième Ballade, la déchirante Mazurka opus 63 no 3 et l'éthéré Nocturne opus 9 no 1.

En terminant, quelques paroles de sagesse que les petits (et grands) pianistes souhaiteront méditer...
« Tu me demandes dans ta dernière lettre comment je fais pour jouer ainsi, jusqu'à faire voler la note parfaite. D'abord, fais courir tes mains, puis mélange tes doigts comme cartes à jouer, jette-les en l'air, tels des dés. À ce jeu, tu deviendras un vrai gymnaste. Pour le reste, je joue tous les jours. On dit que j'improvise, mais je fais mes devoirs pendant des heures. »


6 commentaires:

Anne a dit…

Il me semble que ce n'est pas le premier billet sur cet album, pour ce challenge : tant mieux, c'est un gage de qualité et d'intérêt !

Lucie a dit…

Lali aussi a beaucoup aimé :)
J'essaierai aussi de mettre la main sur l'album sur Satie.

bonheurdujour a dit…

Bonjour.
Je viens de passer par là quelques moments très intéressants. Je reviendrai, c'est sûr !

Lucie a dit…

Bienvenue ici! Je viens de découvrir grâce à ce mot un très joli concept de blogue! :)

Karine:) a dit…

Ca semble un super beau livre. Limite que je le veux!

Lucie a dit…

Moi-même, je me demandais si je n'allais pas l'acheter pour le prêter aux petits élèves. Je vais emprunter celui sur Satie aussi, qui semblait tout aussi beau!