Une jeune femme vient de perdre une proche: sœur, amie, amante? Peu importe. Chaque deuil se veut à la fois unique et universel, mais surtout doit être transcendé, afin que de la douleur naisse un jour l'apaisement, que corps et cœur retrouvent un certain enthousiasme. Athéna Blast, présenté à la Zone Homa lundi soir, se lit comme un objet protéiforme, inclassable, entre danse, déambulatoire (le public se déplaçant sur les praticables au fil des tableaux) et performance participative.
On passe fort habilement par toute la gamme des émotions, de l'empathie quand on devient témoin de l'annonce à la douleur intense partagée, chacun des spectateurs (sauf peut-être les quelques enfants présents) ayant sans nul doute superposé à ce qu'ils voyaient le souvenir d'un ou plusieurs êtres chers disparus. L'expressivité des visages de la vingtaine de participantes traversait sans effort les barrières qui auraient pu être érigées, chacune proposant une déclinaison différente de la douleur mêlée d'incompréhension ressentie lorsque quelqu'une personne aimée meurt.
Difficile également d'oublier ce moment où les spectateurs ont traversé la salle en lignes assurées, l'éplorée touchant ici et là le visage, l'épaule de l'un ou l'autre, ou encore cette représentation des heures passées au salon funéraire, alors que parents et connaissances (ici, des membres du public) serrent ceux qui restent dans leurs bras. Sandwichs pas de croûte et verres de vin servis dans des coupelles en plastique complétaient le tableau d'un troublant réalisme, alors que certains étaient invités à écrire sur l'une des faces du « cercueil » (une boîte dans laquelle baignait littéralement la morte) recouvertes d'ardoise de tableau noir ce qu'ils souhaitaient réaliser avant de mourir. Si plusieurs rêvaient de voyager, un a mentionné la publication d'un livre, un autre inscrit un message à portée philosophique.
À partir de ce moment-là, le spectacle devient une célébration de la vie. Comme Jésus le troisième jour, la morte se relève, donnant le coup d'envoi à une fête endiablée, le public se mêlant aux danseuses pour sauter en chœur ou se glisser en souriant sous l'arche de bras tendus. Bâtons, bracelets et bandeaux lumineux sont alors remis dans la salle, certains se trémoussant avec une certaine réserve, d'autres se déhanchant avec une vigueur totalement assumée. On sort du spectacle l'âme lavée, le sourire aux lèvres, un bandeau Mickey dans la tignasse (pour moi) ou un bracelet lumineux à l'oreille (pour l'ami qui m'accompagnait), conscient que la vie reste précieuse et ce, même quand on peut avoir l'impression qu'elle nous crache au visage. Carpe diem!
TEASER / ATHENA BLAST / ZONE HOMA / 2013 from Le Monstre Sacré on Vimeo.
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