La Zone Homa a clos sa 5e édition sur un doublé cherchant à repousser les limites des genres, donnés dans la ruelle adjacente à la Maison de la culture Hochelaga-Maisonneuve samedi soir. Dans In vitraux, chorégraphié par Audrey Rochette, quatre comédiens devenaient danseurs, dans cinq tableaux qui jumelaient langage corporel et répliques. Un théâtre physique nouveau genre, les corps devenant sous-texte, les mots devenant trame sonore plutôt que simples vecteurs de sens.
Le sacre du printemps (tout ce que je contiens) d'une certaine façon prenait le contrepied, la trame narrative inhérente au ballet de Stravinski, créé il y a 100 ans cette année, devenant prétexte à détournement de sens. Ceux qui connaissent intimement l’œuvre originale, le synopsis fourni par le compositeur, le contexte sulfureux entourant sa première, qui réagissent de façon instinctive à la partition, auront sans doute pu saisir la plupart des deuxième et troisièmes lectures qu'en a tirées Félix-Antoine Boutin: le côté bacchanale, l'aspect sacrificiel, les rituels de passage, l'antagonisme entre éros et thanatos. Les autres ont paru complètement largués par cet étrange objet scénique, qui ressemblait par moments à du délire concerté et qui pouvait se lire comme un détournement de ces films d'adolescents, en vacances sur les plages de Floride pendant le traditionnel « spring break »: consommation d'alcool effrénée, concours de vomissements, couples se formant et se déformant au gré des heures, dérapages pouvant devenir irréversibles (représentés notamment par cette violence gratuite envers des effigies de bois détruites à coup de pieds-de-biche jaunes). On a l'impression d'être devant une performance essentiellement ludique, pour l'instant pas entièrement peaufinée, mais néanmoins intéressante.
Une fête était ensuite proposée aux festivaliers, lancée par une visite surprise de Marjo. Nous avons préféré découvrir dans la nuit naissante la Rue de la poésie (avenue Desjardins, entre Ontario et La Fontaine), éclairés par le cellulaire d'un copain. Un plaisir presque diffus à découvrir ainsi les mots de poètes d'ici, sur des écriteaux accrochés aux branches des arbres, plantés dans la terre ou encore sur des tissus enroulés autour des troncs. (Presque étourdis par notre lecture, nous avons bien fait rigoler un homme qui attendait dans sa voiture.) N'empêche... le lendemain, je faisais un détour par la bibliothèque de mon quartier, histoire de récupérer des recueils de plusieurs des poètes lus la veille. Qui a dit que la poésie ne pouvait s'inscrire dans le quotidien?
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