Si Paris restera toujours une ville-musée – ou une fête comme le croyait Hemingway –, Berlin se veut une ville de l’instant présent, de récits parallèles, un lieu dans lequel des édifices d’une troublante beauté cohabitent avec des immeubles décrépis, la petite histoire rencontre la grande à chaque intersection, la honte côtoie l’effervescence la plus brutale. Berlin ne laisse pas indifférent, se métamorphosant à volonté sous les yeux de celui qui l’arpente, quelques heures, quelques semaines, une vie entière, tel un immense résonateur. « Tout est plus intense à Berlin. » Impossible de l’évoquer de façon linéaire – « Le temps ne se déploie pas de la même manière à Berlin » – et Daniel Brière et Evelyne de la Chenelière, les initiateurs de cet objet par nature insaisissable, entre déambulatoire, théâtre et performance multimédia, l’ont parfaitement compris.
On peut se perdre dans Berlin, au propre comme au figuré. En investissant le Goethe-Institut de l’intérieur, en prenant possession de ses moindres recoins, en laissant le spectateur libre de suivre l’action en direct ou sur l’un des écrans démultipliant la perception sensorielle, ils ont su recréer cette idée. En proposant un texte composite, signé à six mains (Robert Hébert a également collaboré à la production), aussi. Parfois, le théâtre se joue aussi bien sur ce qui devient scène (un rebord de fenêtre, un dessus de comptoir, un espace entre deux rayons de bibliothèque) que dans la « salle ». Certains demeurent perplexes, d’autres continuent de vivre en parallèle, en apparence retirés de l’événement, seuls avec leurs téléphones, leurs pensées.
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