Quand elle était enfant, Joanie Lemieux rêvait d’être
astronome. « Ce qui me paraît
intéressant, c’est que sous certains aspects, mon travail d’écriture actuel
ressemble parfois à mon idéal d’enfant, nous explique-t-elle dans ses
réponses à notre questionnaire. Alors que
je pensais passer ma vie à fouiller le ciel, je me retrouve à m’étonner de
l’infiniment petit des faits et gestes humains, d’une cicatrice, d’un soupir,
d’un sourcil froncé, d’une lèvre retroussée; je cherche à deviner l’histoire de
cette femme âgée à l’épicerie, de cet enfant seul dans le métro, de cet homme
avec le bouquet de fleurs. Pour moi, il s’agit encore et toujours du même choc,
des mêmes questions : comment est-ce possible qu’on soit ici, vivants, à
cet endroit? Existe-il autre chose, derrière ce qu’on voit? Qu’est-ce qui est
réel et qu’est-ce qui ne l’est pas? »
Aucun doute ici, la frontière entre réel et imaginaire est
souvent très floue dans Les trains sous l’eau
prennent-ils encore des passagers? (quel titre évocateur!), un recueil de
nouvelles tout en retenue qui déboulonne convictions des personnages et
certitudes du lecteur.
La ligne entre être et paraître se veut aussi très mince
dans La maison d’une autre, deuxième opus
de notre ancienne recrue François Gilbert. Entre passions de jadis et choix que
l’on fait au quotidien, ce roman nous invite à voyager au Japon autant qu’à
l’intérieur de nous-mêmes. L’ailleurs est également très présent dans l’essai
fouillé Ismaël contre Israël d’Esther
Benfredj et La petite chambre de Raymond Miot qui nous ramène à Haïti en 1971.
Le passé et les regrets jouent un rôle clé dans Les questions orphelines de Morgan Le
Thiec, récit intimiste de l’acceptation non pas d’un deuil, mais d’un départ
volontaire, une mère laissant tout derrière elle, aussi bien que dans Le cinquième corridor de Daniel
Leblanc-Poirier, qui revient sur les amours de jeunesse et Une respiration lente et profonde de Mathieu Forget et Catherine Parent, une envoutante
bande dessinée dans laquelle maladie et tendresse dansent un déchirant pas de
deux.
« Tout peut
devenir générateur de texte. Tout ce que je vois, touche, rêve, suppose,
lis… » Comme la vie, la littérature d’ici n’a pas fini de se révéler…
et c’est tant mieux!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire