lundi 17 août 2015

À la recherche de New Babylon

Un pyromane qui collectionne les pendaisons, un aristocrate russe mythomane qui rêve de fonder une cité dans laquelle l’anarchie règnera en maître, une jeune femme romantique qui traverse le pays à la recherche de l’homme idéal, un faux prêtre qui sert de témoin, de mémoire. On lui a volé les carnets sur lesquels ils notaient les destins, petits et grands, de tous ceux croisés jusque-là. On lui a coupé les mains, mais certainement pas la parole. En effet, ce sera grâce à sa voix (sans doute rocailleuse) et son imagination (débordante) que les personnages de ce roman inusité s’incarneront, se raconteront, évoqueront leur faim de célébrité, de richesse, de reconnaissance, d’amour ou même de mort.

Le lecteur s’attachera vraisemblablement plus à certains personnages qu’à d’autres. J’admets volontiers un faible pour Russian Bill. Pourtant essentiel au récit - sans lui, ce dernier n’existerait pas -, mais se maintenant délibérément à l’arrière-plan, le Révérend Aaron nous glisse parfois entres les doigts. Peu importe. On plonge dans cette aventure touffue les yeux, les oreilles et les narines ouverts. Les chapitres ramassés s’y enchaînent comme autant de pièces d’un casse-tête, nous menant inexorablement vers l’avant par quelque implacable effet domino.

Les phrases sont courtes, se dégainent comme un revolver, laissent ici et là place à une savoureuse ironie. « En été, c’était un endroit recherché pour sa fraîcheur. En hiver, il fallait une volonté de fer pour s’y prélasser, même en gardant son manteau sur le dos. Pour la première fois, on y discutait d’autres choses que de la fourberie des Américains », par exemple. L’écriture de Dominique Scali se révèle particulièrement alerte, travaillée jusqu’à ce qu’à la disparition de toute trace de couture, dépouillée de scorie. Du grand art.

On a très hâte de découvrir à quel univers plus ou moins balisé Dominique Scali s’attaquera ensuite.

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1 commentaire:

Le Papou a dit…

Bonjour Lucie
J'avais noté ce roman chez mon libraire. Tu confirmes.
Amicalement
Le Papou