Hubert Aquin reste l'un de nos géants. Intellectuel, cinéaste, écrivain, penseur, au-delà des époques et de la mort, l'homme continue de troubler. René Gingras revient pour la seconde fois au créateur, particulièrement à travers ses premiers et derniers romans (Prochain épisode et Neige noire). À la lecture de ce texte hier, qui n'avait de pièce de théâtre que le nom, on ne peut que saisir toute la révérence que Gingras porte à son aîné, citant des passages ciblés (tant des romans que de certains essais), intégrant le fil narratif des deux romans à sa proposition, reprenant et se jouant de certains des thèmes chers de l'auteur. On ne peut qu'être fasciné par ce voyage au cœur même de l'univers d'Aquin, par une volonté d'aller plus loin dans la découverte de son oeuvre. Cela ne fait malheureusement pas une pièce de théâtre - du moins dans sa forme actuelle. On imaginerait plutôt une lecture théâtralisée, présentée peut-être dans le cadre du FIL
Étrangement, j'ai redécouvert l'univers d'Hubert Aquin à travers un film, Nuit no 1, dans lequel l'héroïne (Catherine de Léan) cite des passages de Prochain épisode à son amant d'un soir. Par effet d'entraînement - ou par fascination -, j'ai plongé dans le roman, dans l'édition originale de 1965 qui fait partie de ma bibliothèque depuis des années, livre annoté à la mine par une femme que je n'ai jamais connue, qui restera - comme Aquin au fond - un mythe entier. En sortant du Centre du Théâtre d'aujourd'hui hier soir, troublée une fois encore par ces mots aux résonances si particulière, je me suis dit qu'il me faudrait lire Neige noire et puis peut-être bien certains essais. Il faut parfois accepter les détours improbables de la vie...
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