Tiens, un rescapé des vieux cartons...
Le
premier million avait été le plus difficile à amasser. Après, je suis devenu
simple témoin des tableaux de progression qu’on me faisait suivre sur mon téléphone intelligent,
entre deux réunions avec mes vice-présidents. Légèrement désabusé par la routine, j’avais accepté la
suggestion de mon coach de vie de m’inscrire à cet atelier de croissance
personnelle donné par un des bonzes du mouvement. « Simplicité volontaire » :
trois jours hors du temps, d’exercices destinés à briser les égos, de pistes
pour apprendre le dépouillement.
Quand
Robert est arrivé avec la limousine, je savais ce qu’il me restait à faire. En
trente minutes, j’avais revendu la majorité de mes actions, transféré mes
avoirs au nom de ma femme et de mes enfants, mis mes deux résidences
secondaires en vente, cédé mes toiles de valeur au musée. Quand Élisa est
rentrée de Monte-Carlo le lendemain et que je lui ai expliqué que nous
partirions à l’aventure sur notre voilier, elle m’a ri au nez.
Quinze
minutes après, elle me jetait dehors, avec le contenu d’un sac Vuitton pour
tout bagage. Une nuit dans la rue et on m’avait battu, tout volé : rêves,
argent, identité.
Dites,
vous auriez pas un peu de monnaie?
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