jeudi 1 janvier 2009

Bonne année 2009!

Nouvelle année qui s'annonce, que je vous souhaite inspirée et inspirante. Surtout, laissez-vous toucher par la beauté du monde, même quand il crache à notre visage sa laideur. Les poètes l'ont bien compris, ont su transcender les interdits, extraire de la fange des fleurs.

Je vous propose donc, en ouverture d'année, deux extraits tirés de Plus rares sont les roses du poète Mahmoud Darwich, décédé en 2008, la voix de la Palestine, « celui qui a forgé les chants de l'exil, qui a dit le temps suspendu et dessiné les rêves, les regrets, les désirs d'une identité irréductible. » Paix aux hommes de bonne volonté.

Le dernier train s’est arrêté

Le dernier train s’est arrêté au dernier quai. Et personne
Pour sauver les roses. Nulle colombe pour se poser sur une femme en chair de parole.
Le temps s’est achevé. Le poème ne peut guère plus que ce que l’écume a pu.
Ne crois pas nos trains, ô amour, n’attends personne dans la cohue.
Le dernier train s’est arrêté au dernier quai, et personne
Ne peut retourner aux narcisses retranchés dans les miroirs de la pénombre
Où laisserai-je ma dernière description de ce qui m’est advenu comme corps ?
Est fini ce qui est fini. Où est ce qui est fini ? Où viderai-je ce qui m’est advenu comme pays ?
Ne crois pas nos trains, ô amour, les dernières colombes se sont envolées, envolées
Le dernier train s’est arrêté au dernier quai … et personne.

Quand les martyrs vont dormir

Quand les martyrs vont dormir, je me réveille et je monte la garde pour éloigner d’eux les amateurs d’éloges funèbres.
Je leur souhaite " bonne patrie ", de nuages et d’arbres, de mirages et d’eau.
Je les félicite d’avoir échappé à l’accident de l’impossible, à la plus-value de la boucherie.
Je vole du temps afin qu’ils me volent au temps. Sommes-nous tous des martyrs ?
Et je murmure : ô mes amis, laissez un seul mur pour les cordes à linge, une nuit pour les chansons.
Je suspendrai vos noms où bon vous semble, mais dormez un peu, dormez sur l’échelle de la vigne acide.
Que je protège vos rêves des poignards de vos gardiens et du revirement du Livre contre les prophètes.
Soyez l’hymne de celui qui n’a pas d’hymne lorsque vous irez dormir ce soir.
Je vous souhaite " bonne patrie " montée sur un coursier au galop
Et je murmure : ô mes amis, vous ne serez pas comme nous : corde d’une obscure potence !


5 commentaires:

Anonyme a dit…

Très touchants ces poèmes Lucie! Une très bonne année à toi!!!

Lucie a dit…

Superbe année à toi Karine!
Au plaisir de se recroiser « live »!

Caro[line] a dit…

Très bonne nouvelle année, Lucie ! Pleine de belles lectures et de musique.

Venise a dit…

J'espère que tu es allés cueillir mes bons voeux détaillés pour toi dans les commentaires de Parle-moi de Gaston Miron. Sinon, cours-y et en attendant que ton année soit bonne et tendre. Tendre par la tendresse mais aussi vers tout ce qui te passionne.

Lucie a dit…

Caroline: merci

Venise: oui, je les avais bien ramassés! Charmants voeux, merci!