samedi 10 novembre 2012

Envoutant instrument

Les Ondes Martenot déstabilisent et apaisent à la fois, comme si l'instrument faisait vibrer une parcelle mal assumée de notre âme, l'emplit d'une nostalgie inconnue, l'« évide », comme l'avance d'ailleurs l'ondiste Suzanne Binet-Audet dans le documentaire Le Chant des ondes de Caroline Martel, présenté en première mondiale jeudi soir dans le cadre des RIDM. Comment son inventeur a-t-il pu insuffler cette vibrante parcelle d'humanité dans un instrument pourtant électronique? Mystère...

La réalisatrice Caroline Martel propose un voyage presque immersif, dans lequel la musique joue évidemment un rôle essentiel, ponctuant les instants atmosphériques de documents d'archive (fascinant de voir l'instrument démontré à la télévision d'alors ou d'entendre le disque promotionnel, son inventeur croyant que l'instrument deviendrait celui que tous rêveraient de posséder), de conversations avec des ondistes (comme celle en apparence impromptue entre les membres de l'Ensemble d’ondes de Montréal qui évoquent ce qui les a attirés dans l'instrument) ou encore avec Jean-Louis Martenot (fils de Maurice) ou Jeanloup Dierstein, « grand sorcier de la lutherie électronique », qui tente de mener l'instrument ailleurs.

Certains des échanges captés par la réalisatrice sont profondément touchants, comme lorsque l'on perçoit la pointe de nostalgie de Jean-Louis Martenot (qui n'ose accuser un père sans doute trop souvent absent) ou que Suzanne Binet-Audet rencontre Jonny Greenwood (du groupe Radiohead), sur scène, salle Wilfrid-Pelletier. « Je me sens comme si Elton John rencontrait Glenn Gould », résume-t-il. On saisit immédiatement l'envie presque viscérale de Binet-Audet à toucher les instruments de Greenwood, chaque instrument disposant d'un circuit légèrement différent, autant que cette révérence de Greenwood.

On sort de la salle sombre avec une envie presque viscérale de s'approprier l'instrument ou tout au moins de découvrir le répertoire que les compositeurs lui ont consacré. Un film à voir (reprise le 13 novembre à 21 h 15 à la Cinémathèque québécoise et diffusion en salles en janvier), mais surtout à ressentir!

Un site très complet est consacré au film, qui traite aussi bien de l'instrument et ses particularités que du répertoire entendu. À découvrir ici...



Aucun commentaire: