Emmanuelle Cornu découpe, expose, polit, fractionne encore une fois la trame narrative, isole l’instant, s’attarde au geste, avant de laisser les fragments nous exploser au visage, autant de parcelles de douleur (« Madame »), de beauté (« Reconnaître madame D. à la courbe de ses mollets », portrait en demi-teintes, presque nostalgique), de quotidien (« L’exercice d’incendie », l’inquiétude latente de chacun se révélant dans ses interstices), d’étrangeté (« Killer Rabbits »). La nouvelle au titre improbable «Broche “vitrail de papillon (rouge grenat) ”, catalogue no 14, printemps-été, p. 302 », aux éclats fractionnés (tout comme « Le miroir de Jean-Yves », intéressante relecture du double), m’est apparu d’une certaine façon condensé du recueil et aurait peut-être mérité d’en devenir clé de voûte.
La ritournelle se veut partie intrinsèque de cette écriture si particulière, impose au lecteur un rythme de lecture, refrain que l’on retrouve avec plaisir assez souvent, mais qui à d’autres agace (« Super bouchée » et ses répétitions presque intempestives du mot SUPER).
« Il était une fois Lysandre et son trop beau projet. Trop beau pour entrer dans une seule vie. Pour se matérialiser, se légitimer. Il était une fois Lysandre l’artiste. Et son travail. Et son cœur découpé en autant de tableaux. » Des semaines après la lecture, plusieurs de ces instants volés continuent d’habiter. L’auteure saura-t-elle trouver un autre souffle pour accompagner des personnages de roman? On le souhaite.
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