Un ami pianiste et moi nous lancions dans un après-midi shopping vendredi quand nous avons croisé une jeune fille avec un t-shirt qui a tout de suite capté mon attention. « Music was my first love. » Pas d'image, pas de contexte, une simple phrase. Éberluée, j'ai posé la question à mon ami: « Qu'est-ce que cela veut dire selon toi? » Perplexes, nous ne pouvions imaginer que cette phrase puisse se conjuguer à l'imparfait ou au passé composé. La musique était mon premier amour... Peu importe les circonstances, si on aime la musique d'amour, comment peut-on l'oublier? Si la musique était son premier amour, par quoi se sent-elle animée aujourd'hui? La littérature, le théâtre, la peinture, le tricot? Travaille-t-elle comme secrétaire et a-t-elle besoin que son t-shirt lui rappelle qu'elle n'est pas que cela?
Nous avons certes raté une belle occasion de poser la question directement à la demoiselle en question. Peut-être au fond n'a-t-elle jamais réalisé les ambiguïtés qu'une telle phrase pouvait susciter chez des professionnels musicophiles. Pour moi, la musique est et restera toujours mon premier amour, ma langue maternelle, une langue universelle. Quand on me demande combien de langues je parle, je réponds parfois que je suis parfaitement trilingue (français, anglais, musique), poursuis mon apprentissage de l'allemand et possède des bribes d'italien. Cela en fait fuir quelques-uns, il faut l'admettre...
Bien avant de savoir que les garçons pouvaient faire palpiter les cœurs des fillettes, j'ai aimé Mozart. D'abord enfant-dieu parfait à mes yeux, il est devenu par la suite entièrement l'un de nous, un homme avec ses failles, ses doutes, ses défauts... et ses élans de génie qui transcendent tout le reste. Et puis il y a eu les autres, tous ces compositeurs que j'écoutais au quotidien, ces interprètes que je voyais en concert chaque semaine, ces découvertes d’œuvres dont je ne me remettrais pas toujours.
Aucun doute, je n'aurais jamais pu acheter un tel t-shirt, sauf peut-être si j'avais rayé le « was » et remplacé par « is and always will be »...
5 commentaires:
Bonjour Lucie,
Et la zen attitude alors !
C'est parce que tu es la femme d'un seul amour. La femme au tee-shirt a peut-être commencé par aimer la musique et puis la lecture et puis...et puis... Cela ne veut surtout pas dire qu'elle ne l'aime plus.
Le Papou
"Quand on me demande combien de langues je parle, je réponds généralement que je suis parfaitement trilingue (français, anglais, musique)" ==> j'adore !
Papou: Tu as sans doute raison. Dieu que je regrette de ne pas lui avoir demandé!
En même temps, j'aime la littérature, le théâtre, les arts en général, mais si je ne devais choisir qu'un seul art (heureusement, je n'ai pas besoin de le faire), il faudrait que ce soit la musique. :)
Kikine: La réaction des gens quand je leur dis ça vaut généralement son pesant d'or. ;)
Très joli billet ! J'adorerais un t-shirt comme celui-là mais, comme toi, avec le verbe au présent. J'adore la phrase de Nietzsche "Sans la musique, la vie serait une erreur" - totalement d'accord (moi, pauvre musicienne du dimanche).
Lewerentz: ravie de savoir que pour toi ce verbe ne peut se conjuguer également qu'au présent. ;)
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