L'Orchestre de chambre Appassionata lançait sa 13e saison hier soir au Centre Pierre-Péladeau avec un programme qui n'offrait aucune latitude côté camouflage des imperfections, des textures translucides de la suite Pulcinella de Stravinski au foisonnement des cordes d'Il tramento de Respighi, sans négliger un essentiel sens de l'architecture dans la Jupiter de Mozart.
Les oreilles peut-être encore titillées par un affreux sifflement qui avait ponctué d'interférences la remise du prix Damien Silès, les musiciens ont pris deux ou trois mouvements avant de donner la pleine mesure de leur talent dans le Pulcinella. Loin du soleil annoncé, nous avons plutôt eu droit à une mise en place de l'oeuvre, bourdes des cors et dérapages de la première violon solo à l'appui (victime apparemment d'un problème mécanique, puisque tout était parfaitement rétabli côté intonation dans le Respighi et le Mozart). Heureusement, Josée Marchand nous a offert des solos de hautbois absolument magnifiques, qui rachetaient presque le manque de brillant et de contrastes des textures.
Il tramento (Le coucher de soleil) de Resphigi, pour mezzo et orchestre à cordes, a plongé le public dans le ravissement, avec son orchestration rappelant tantôt Richard Strauss, tantôt Puccini, avec quelques touches de Mahler. Si la voix de Geneviève Couillard Després s'est perdue ici et là dans la densité des textures, la mezzo a su rendre les subtilités de cette histoire d'amour condamnée d'avance, d'après un poème de Shelley (que l'on aurait d'ailleurs bien voulu pouvoir lire), dans laquelle une jeune femme tente d'oublier son frêle amant, mort après une unique nuit d'amour. Une mention toute spéciale ici aux deux violoncellistes, remarquablement à l'unisson côté articulation et respiration, qui nous ont offert de très beaux moments.
L'après-entracte était consacré à la Quarante-et-unième symphonie de Mozart. Quelques secondes ont suffi pour comprendre que cette pièce de résistance avait été travaillée avec minutie par le chef et les musiciens, qui nous avaient offert un très beau Haydn en mai dernier. Les tempi semblaient couler de source, la précision des rythmes pointés s'est révélée en tout point impeccable, ainsi que les motifs de trois doubles-croches menant à une note plus longue, présents dans plus d'un mouvement. Daniel Myssyk se révèle assurément un grand Mozartien, un de ces rares artistes ayant compris la nécessité d'allier une compréhension architectonique à une liberté d'expression, de se servir de la densité de la pulsation pour énoncer un propos clair, parfaitement fluide, jamais angulaire ou artificiellement rigide. Les passages fugués du dernier mouvement ont continué à nous habiter, mon ami et moi, lors de notre voyage de retour en métro. Un moment qui aurait mérité d'être gravé sur disque...
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