L'intrigue semble en apparence simple. Carol, une étudiante dans la jeune vingtaine, demande à rencontrer son professeur, sur le point d'être titularisé, pour tenter non pas seulement de rehausser sa moyenne, mais de comprendre la matière. Il l'écoute à moitié, distrait par l'achat de la maison qu'il est sur le point de conclure avec sa femme, mais bientôt le vent tourne et un troublant jeu de chat et de souris s'amorce, dont l'issue laisse le spectateur pantois.
La pièce est défendue ces jours-ci au Prospero par Vincent Côté (qui l'a également traduite) et Olivia Palacci, qui assurent conjointement la mise en scène et leur lecture se révèle à la hauteur du texte. Par la disposition des gradins de chaque côté de l'espace de jeu, la scénographie nous pousse d'entrée de jeu à prendre position. Souhaitera-t-on plutôt voir le visage de Carol ou de John? Qui considère-t-on la victime, qui aura besoin d'être soutenu(e)? Plusieurs choix astucieux ont été faits côté mise en scène, notamment l'utilisation de trois aires distinctes facilitant la multiplicité des points de vue (à prendre ici dans les deux sens du terme), l'utilisation astucieuse de gestuelles renversées qui crée l'illusion de passer d'un côté à l'autre du miroir et un réel travail sur la densité des points de suspension qui jonchent le texte.
On sort de la salle troublé par le propos, conscient qu'un seul grain de sable peut enrayer n'importe quel engrenage - surtout quand il est question de relations humaines -, mais surtout d'avoir été bluffé par l'auteur.
Jusqu'au 26 octobre au Prospero
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