Barbu – Foire électro trad du Cirque Alfonse avait beaucoup fait jaser lors de la résidence « Le cirque vu par... » à laquelle j'ai eu le grand plaisir de participer l'année dernière à pareille époque. Impossible de rester indifférent à cet assemblage de numéros qui puisent autant dans les codes du cabaret allemand que du (très gros) burlesque, du freak show (le numéro de fakir est à classer dans cette catégorie) et du cirque plus traditionnel (équilibre, numéros de patins à roulette, main à main, cerceau, jonglerie).
On ne parle pas ici d'un spectacle au fil narratif subtil - on est à des lieues par exemple d'Opus de Circa! -, mais d'une expérience différente, encore plus convaincante la deuxième fois, hybride entre soirée arrosée entre amis (même si la salle était plutôt tranquille hier) et voyage dans le temps, alors que l’on se pressait à la Foire Sohmer pour voir Louis Cyr, être mystifié par un magicien (même à un mètre de la scène, je n'ai toujours pas vu le truc derrière le numéro de la femme dans la boîte, « découpée » en morceaux) ou faire un tour de montagnes russes (certains tableaux restent spectaculaires). On est là pour s'éclater, oublier la morosité ambiante, l'été qui peine à s'affirmer, rire
sans la moindre culpabilité et aussi retrouver un peu de nos racines à travers la musique néo-trad d’André Gagné et David Simard (interprétée avec leur complice Josiane Laporte) toujours aussi pertinente un an après. L'ensemble se superpose aux vidéos de Frédéric Barrette, orientées sur la nature environnant St-Alphonse-de-Rodriguez dans une première partie plutôt atmosphérique, puis sur le corps humain, ce qui suscitera nombre de fous rires de l’auditoire, particulièrement quand les larrons se déhanchent en maillots de bain, ruban multicolore à la main, ou que Loukas le mentaliste lit dans les pensées pas très pures d'un volontaire dans la salle. Si dans la deuxième partie, ces vidéos deviennent complément de la trame narrative, dans la première, on les ignore la plupart du temps, préférant nous concentrer sur ce qui se passe sur scène.
La proposition a assurément évolué depuis un an. On ne retrouve plus ce côté bricolé ressenti lors de la première (qui avait certains charmes) et on sent que le metteur en scène Alain Francoeur a volontairement resserré certains segments et travaillé le rythme des numéros. Ainsi, le personnage interprété par Lucas Jolly, beaucoup plus sombre, ajoute une couleur tout autre, presque inquiétante par moments, qu'il entretienne un curieux rapport avec son deuxième lui-même ou qu'il jette des regards perçants dans la foule. La première partie semble passer à vitesse grand V (on retiendra particulièrement le numéro de pyramides humaines et celui du cerceau suspendu, celui du main-à-main dans la boue perdant un peu de sa puissance la deuxième fois), la seconde pourrait encore être resserrée. Le numéro de balles de ping-pong avec la bouche n'ajoute pas grand chose et celui de planche sautoir s'étire un peu inutilement. Par contre, celui dans lequel Francis Roberge fait virevolter un baril de bière reste une pièce d'anthologie. L'Olympia se prête mieux à la proposition que le Théâtre Telus, rouge des murs et dorures ajoutant indéniablement un je-ne-sais-quoi au tout.
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