mercredi 17 juin 2015

Pardon

 
« Les porcs-épics s’en donnaient à cœur joie. Perçaient les cœurs, qu’ils ne puissent plus aimer. Lacéraient les mains, qu’elles ne puissent plus caresser. Crevaient les yeux, qu’ils ne puissent plus voir la beauté. […] 
Enfin, l’un d’eux – homme, femme, enfant? – osa lever une main, lentement, pour la passer sur le dos de l’animal qui, un instant plus tôt, s’acharnait à lui trouer le cœur. Celui-ci poussa un petit soupir et se retourna, offrant son ventre à la caresse. Chacun, devant ce spectacle, trouva le courage de toucher son porc-épic. Et chaque porc-épic réagit pareillement. 
C’est ainsi que la parole a guéri les êtres humains. Oh, les porcs-épics sont encore là. Ils le seront toujours. Ils piquent encore, parfois. Mais ils sont désormais apprivoisés. Et on n’a qu’à prononcer à nouveau le dernier mot pour les apaiser. 
Pardon. »  
Marie-Christine Bernard, Matisiwin

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