Pardon
« Les porcs-épics s’en donnaient à cœur joie. Perçaient
les cœurs, qu’ils ne puissent plus aimer. Lacéraient les mains, qu’elles ne
puissent plus caresser. Crevaient les yeux, qu’ils ne puissent plus voir la
beauté. […]
Enfin, l’un d’eux – homme, femme, enfant? – osa lever une
main, lentement, pour la passer sur le dos de l’animal qui, un instant plus
tôt, s’acharnait à lui trouer le cœur. Celui-ci poussa un petit soupir et se
retourna, offrant son ventre à la caresse. Chacun, devant ce spectacle, trouva
le courage de toucher son porc-épic. Et chaque porc-épic réagit pareillement.
C’est ainsi que la parole a guéri les êtres humains. Oh, les
porcs-épics sont encore là. Ils le seront toujours. Ils piquent encore,
parfois. Mais ils sont désormais apprivoisés. Et on n’a qu’à prononcer à
nouveau le dernier mot pour les apaiser.
Pardon. »
Marie-Christine Bernard, Matisiwin
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