« J’écris comme un peintre : par tableau que je retouche plusieurs fois. Le canevas du récit est là, globalement en tant que thème mais je travaille la texture sonore et le grain des évocations sensibles. » Pourrait-on parler ici de synesthésie littéraire?
Il faut bien admettre que Le tao du tagueur de Serge Ouaknine, notre recrue ce mois-ci, peut sembler un ouvrage qui à première vue rejoindra plus directement ceux qui possèdent une ouverture à l’art pictural. Il touchera néanmoins les autres par la poésie de la langue et cette volonté du protagoniste de freiner le temps, de privilégier l’être à l’avoir.
La rencontre avec l’autre y joue un rôle essentiel, ainsi que le désir, sentiment qui se niche au cœur même de Philippe H ou La malencontre de Mylène Fortin, étonnant road trip gaspésien. Tout au long du périple, on peine à dissocier le réel du fantasmé, tout comme dans La maison habitée de Geneviève Lévesque, retour vers une enfance peuplée de personnages inquiétants qui ont peut-être existé et qui envahissent assurément le quotidien de la narratrice. Ce passé sublimé s’infiltre aussi dans l’un des livres pour adolescents de cette cuvée, La balade de Vipérine de Pascal Bruellemans, prolongement de sa pièce, créée en 2012 aux Coups de théâtre, reprise récemment par la Maison Théâtre.
Côté hors-Québec, nous vous proposons Jours de grande parole, dans lequel les poèmes d’Hélène Pommarel entrent en résonance avec des gravures de Pierre Pornet, « un livre beau à étreindre » selon notre collaboratrice Mélina Bernier.
« Mais avec quatre lettres, on peut refaire la vie… Ce n’est pas le tag qui engendre la laideur, mais l’imaginaire éteint par la peur », avance le narrateur de Serge Ouaknine. Et si, un livre à la fois, on pouvait refaire le monde?
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