« Le théâtre est dangereux, c’est sa seule permanence, et sans danger la vie n’est qu’une vaste zone d’ennui. Les héros de Tchekhov font des tentatives de suicide ou des tentatives d’amour, pour sortir de l’ornière de la désillusion et de la lucidité. Aimer ou vouloir mourir, c’est la même chose. On veut être ailleurs. »J'aime être surprise dans mes lectures. J'ai ramassé ce livre à la bibliothèque, parce que j'avais bien aimé Nous étions faits pour être heureux (et sa très belle couverture avec un clavier de piano), cadeau d'une amie. Avec un titre pareil, j'avais un peu peur d'avoir affaire à une bluette plus ou moins convaincante, à la longue plainte d'une femme délaissée, à une énième plongée dans la souffrance. Pourtant, le propos m'a paru tout autre.
Oui, on finit par connaître les détails de cet amour plus ou moins condamné dès le départ (assez banals de fait), avoir accès à cette douleur que l'on croyait avoir matée, mais qui nous saisit d'un seul coup quand on s'y attend le moins. Avant, pourtant, l'auteure nous plonge dans un univers autre, rarement visité de cette façon, celui du théâtre.
La narratrice est comédienne, se prépare à jouer la Mère douleur de Six personnages en quête d'auteur de Pirandello. On la suit alors qu'elle arpente Paris, histoire de repousser quelques instants encore la fatale échéance de se retrouver dans cette loge de théâtre, de s'incarner véritablement sur scène. Et si, au fond, tous, nous ne faisions que jouer un rôle, ne prenions vie que lorsqu'un autre nous a intégrés à la trame dramaturgique de sa vie, nous offre un rôle de soutien le plus souvent, parfois un premier rôle?
« J’avais compris déjà que nous nous emparons de l’être aimé pour le détourner et le façonner, et c’est ainsi que la lutte commence : un jour le personnage se révolte et s’échappe. Sa liberté est notre déchirure. »Un détournement pertinent du théâtre de la vie, porté par une écriture fluide, au souffle indéniable.
2 commentaires:
Le titre m'a tout de suite interpelé, je suis venue.
Contente que tu ais fait un bon coup en le prenant à la bibliothèque (je ne savais pas vraiment que tu y allais). J'imagine que tu voudras relire cette auteure.
C'est ma deuxième rencontre avec l'auteure...
Je suis à la bibliothèque toutes les semaines ou presque. C'est en partie pour ça que ma PAL ne descend pas très rapidement! ;)
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