« Le geste ne se transmet pas, il se vole! » Homme de théâtre ayant signé une quarantaine de mises en scène, Serge Ouaknine opte pour le risque avec ce premier roman, en s’attaquant à un sujet jusqu’ici délaissé par la fiction (le tag) et en le traitant à travers 182 fragments et 2 textes plus longs (prologue et épilogue).
Ce choix de la forme courte peut se comprendre comme le prolongement du souffle du tagueur qui ne dispose que de quelques secondes pour laisser sa marque, pour s’incarner dans un croquis ou dans une succession de lettres. Ce ton haletant pourra dérouter au début quelques lecteurs habitués à une narrativité plus linéaire, mais il se révèlera rapidement une des forces de ce premier roman qui s’apprivoise par images, par instants, par signes.
Au fil des pages, l’auteur traitera des motivations de Panda, ex-publicitaire revenu de tout qui a troqué sa table à dessin pour les murs de Montpellier. En liant son personnage principal à la belle Leily, fille de calligraphe, il évoquera la naissance – la nécessité même – du geste artistique, de la communication, des barrières que l’on érige entre soi et l’autre. En lui permettant de croiser des êtres ayant choisi comme lui la marginalité, il sensibilisera le lecteur à une réalité parallèle, celle de la rue, des expédients.
Grâce à une écriture souvent poétique qui refuse néanmoins l’enflure et les formules toutes faites (« Le temps est un jardin qui fuit la rivière qui veut l’arroser » par exemple) à une succession de phrases fugaces se jetant les unes dans les autres, Serge Ouaknine dessine une toile que l’on croit d’abord composée exclusivement de noir et de blanc, mais qui bientôt démontrera l’étonnante richesse de sa palette.
2 commentaires:
J'ai l'habitude d'avoir une confiance absolue en cette collection. Pourtant, je ne sais pas pourquoi, malgré ton bon avis et tout... j'ai bien du mal à être réellement tentée!
Ce livre n'est pas pour tous, c'est certain. Je pense qu'il faut idéalement le lire d'un seul coup, comme un conte ou un récit initiatique. La langue est très poétique, aussi, ce qui peut dérouter. Peut-être que tu le sentiras plus dans quelques mois... ou pas. Il y a tant de livres, ce n'est pas si grave! :)
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