Où est la frontière entre adaptation et nouvelle pièce? À quel moment cesse-t-on d'écouter les mots de Tchekhov pour n'entendre que la voix de Hinton? Là est la question, semble-t-il. Sa lecture de La mouette n'est pas inintéressante, au contraire. La féminisation du personnage du juge à la retraite, qui devient Sorina, (brillamment interprétée par Diane d'Aquila) fonctionne à merveille. Les commentaires musicaux à la guitare de Dorn le médecin (Patrick McManus, suave en vieux hippie) sont savoureux. La scénographie d'Eo Sharp, à la Cy Twombly, envoûte. La distribution a été encadrée adroitement: Lucy Peacock est effarante de nombrilisme assumé en Arkadina, Marcel Jeannin offre un Trigorin bellâtre à souhait, pas tant suffisant que décalé, Michel Perron en Shamraev suscite les rires en intendant du domaine, Patrick Costello démontre bien la fragilité de Constantine (devenu Coco).
Pourquoi alors ai-je eu l'impression de ne pas avoir reconnu Tchekhov, d'avoir été lésée en quelque sorte, contrairement à l'ami qui m'accompagnait - ou à la bande d'adolescentes qui riaient à gorge déployée, parfois à de bien curieux moments? Peut-être tout simplement parce que je n'avais pas entièrement réalisé que j'allais en fait voir une pièce de Peter Hinton. Le libellé était pourtant clair: « une nouvelle version adaptée et mise en scène par Peter Hinton, d'après la pièce d'Anton Tchekhov ». Cela m'apprendra à lire mon programme après plutôt qu'avant...
Jusqu'au 19 février au Centre Segal.
2 commentaires:
J'imagine bien votre déception. Un rendez-vous avec Tchekhov, c'est si subtil, un défi pour les metteurs en scène. Relire "La mouette" vous en consolera.
Oui, peut-être... mais là encore, dans quelle traduction? ;)
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