Histoire d’amour improbable entre Morgane, une jeune femme qui pourrait bien se révéler être une sirène, et Émile, qui a besoin de comprendre avant de ressentir, Écume se décline comme un hommage à la mer (l’auteure a grandi dans un village côtier du Nouveau-Brunswick) et aux mères. La pièce peut aussi être perçue comme une fable sur l’importance de laisser souvenirs et rêves s’immiscer dans le réel, mais surtout de poursuivre le dialogue. Morgane communique avec Simone, enterrée depuis plusieurs années, personnage à part entière et non voix hors champ. Elle espère saisir pourquoi sa mère est disparue, l’identité de son père, d’où elle vient réellement, ce qu’elle pourra transmettre à cette enfant qu’elle porte maintenant en son sein. Momo, croque-mort aux dons particuliers, un être androgyne qui tantôt parle au féminin et à d’autres moments au masculin, partage les messages que les morts destinent aux vivants. Émile, quant à lui, se confie à son coach de vie, aussi bien en anglais (qu’il souhaite apprendre de cette façon) qu’en français, quand les émotions ne peuvent qu’être nommées dans sa langue maternelle. « There is a big difference between a lie and a necessary fiction. [...] J’aimerais ça, moi aussi, croire dans quelque chose qui me dépasse, qui ne s’explique pas scientifiquement. » Au gré des rencontres, des vagues, du bouillonnement de l’écume de leurs sentiments, les personnages se redéfinissent constamment.
Alors que certaines pièces de théâtre ont besoin d’être vues et entendues pour être entièrement apprivoisées, ce premier texte d’Anne-Marie White se décline plutôt comme un conte pour tous qui ferait la part belle aux dialogues et qui laisse toujours un espace essentiel au témoin pour y superposer ses référents, ses souvenirs, ses doutes, ses peurs, mais aussi ses espoirs.
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