Par un troublant hasard, le passage vers l’au-delà est au
cœur de La mort est un coucher de soleil de
Claude-Emmanuelle Yance, notre Recrue du mois, un roman qui interroge le
lecteur, par strates de couleurs, comme le soleil du titre. « Pourtant, qu’y a-t-il de plus important
que le mystère que chacun transporte en soi à travers les jours et les nuits de
sa courte vie? » y écrit d’ailleurs la narratrice, incapable de saisir les
motivations du geste du disparu. Dans le questionnaire, Claude-Emmanuelle Yance
lie elle-même dans un même souffle la vie, l’écriture et la mort : « Je n’imagine pas ma vie sans l’écriture.
J’espère mourir la tête sur mon clavier. Même si je ne publiais plus. » La
fiction comme catharsis, comme bouée, comme parole vibrante.
Écume d’Anne-Marie
White, pièce de théâtre montée il y a quelques années, retravaillée par
l’auteure avant publication, se conçoit aussi comme une fable entre l’ici et
l’au-delà, l’un des personnages, androgyne, servant d’intermédiaire entre les
vivants et les morts. Stand by,
premier recueil de poésie de Véronique Bourdon, se veut un hommage au père
disparu, Chien de fusil d’Alexie Morin, une tentative de résilience,
une pulsion de vie. Dans Dix jours en
cargo, Isabelle Miron s’attarde au geste même d’écrire, alors que la
narratrice tente de retrouver l’inspiration lors d’une traversée qui n’a rien
d’idyllique entre Barcelone et Rio.
« Les Grandes
Tristesses finissent aussi par me faire sangloter à gros bouillons en me
plantant le dard de la grande mélancolie en plein cœur. Mais à un moment donné,
c’est assez! » confie la jeune narratrice de La fée des balcons de Maude Favreau. Fort heureusement, la vie
finira toujours par reprendre ses droits, que ce soit à travers une main
tendue, un geste gratuit de bonté, les mots d’un autre. Carpe diem!
Pour lire le numéro courant de La Recrue
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