Une amie a entrepris de me faire découvrir toutes les maisons de la culture de la ville, un spectacle à la fois. Soirée de conte, de théâtre, de textes inédits, concert, causerie; cette fois, c'était soirée de poésie au Studio 1 de la Maison de culture Rosemont-La Petite-Patrie. Aucune recherche préalable, aucune attente. Elle m'avait dit avoir été charmée
par la voix du poète, découvert il y a quelques années; cela me suffisait. Je connaissais tout au plus le titre de spectacle: L'agenda du ressuscité.
Quelques minutes après l'heure prévue, celui qui a intitulé sa série de récitals « le poète en robe de chambre », s'est avancé d'un pas sautillant d'adolescent, à la fois heureux et nerveux de retrouver les planches. Refusant le confort, il avait choisi de nous présenter des textes qu'il n'avait jamais fait en public ou qu'il avait négligés depuis plusieurs années. Au fil de la soirée, ce poète, chanteur, comédien, conteur, homme de mots dans son sens le plus pur du terme, nous a fait découvrir des textes signés Albert Cohen (un extrait du Livre de ma mère), Michel Garneau (un poème qui donnait envie d'avoir de nouveau 15 ans, dans sa tête sinon dans son corps), Boris Vian (notamment le bouleversant Je voudrais pas crever) ou Nazim Hikmet (L'évidence), mis en contexte de façon limpide, toujours rendu avec grande justesse, mais aussi quelques-uns des siens, dont certains déclamés sur sa musique ou celle de Yannick Plamondon. Je retiendrai particulièrement cette scène de vente de garage savoureuse, la volupté de cette femme ronde, mais magnifique... et de son tout petit mari.
Avec un naturel désarmant, il a aussi glissé quelques anecdotes sur ses enfants (instants de vie croqués devenant poèmes du quotidien), certains des auteurs transmis, a partagé quelques souvenirs, comme s'il échangeait avec chacun des membres du public de façon impromptue. Il a terminé son tour de mots par Ludwig de Léo Ferré, texte magistral que je ne connaissais pas, long poème scandé sur l'Ouverture Egmont qu'il a rendu de si intense façon (dans une lecture qui n'avait absolument rien à envier à l'original) que je me suis mise à rêver à une version en concert, avec un orchestre symphonique, mots et musique résonnant en troublante symbiose.
Christian Vézina remet le tout le 18 avril, cette fois lors d'À bâtons rompus, une soirée en compagnie de Robert Lalonde. (En plus, c'est tout à fait gratuit.) J'y serai, bien sûr...
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