L'orchestre de chambre Appassionata avait articulé sa saison 2012-13 autour des trois symphonies de Haydn rythmant la journée. Quelle meilleure façon de clore cette 12e saison qu'en juxtaposant la Symphonie no 8, « Le soir » à la Messe Lord Nelson, dans laquelle les musiciens seraient rejoints par quatre solistes et un chœur universitaire, les VCU Commonwealth Singers? Jusqu'à hier soir, je connaissais Appassionata de réputation (ayant notamment eu le plaisir d'interviewer son directeur musical) et sur disque (plusieurs écoutes du dernier album ont été nécessaires avant que je ne m'en lasse, fait rare chez moi), appréciais son travail sur le terrain avec la nouvelle génération, les avais entendus prêtant main-forte à l'ECM+ dans le programme « L'amour sorcier », mais je n'avais toujours pas entendu l'orchestre en concert, seul.
Après avoir subi quelques interprétations de symphonies de Haydn (notamment par des orchestres autrement plus prestigieux) au cours de la dernière année et plongé dans cet univers pour une conférence pré-concert, j'étais indécise. N'avait-on pas affaire ici à une symphonie de jeunesse... comme on dit une erreur de jeunesse? En même temps, plus je découvre Haydn en profondeur, plus j'analyse ses partitions, plus je comprends pourquoi Mozart lui vouait un tel respect et surtout plus je saisis le côté brillant, souvent foncièrement ludique de sa musique. Je me suis même replongée récemment dans ses sonates pour piano pour la première fois depuis des lustres, avec un plaisir entier.
Alors, Haydn tel que pensé par Daniel Myssyk et transmis par Appassionata? Quatre mesures tout au plus ont suffi pour que j'endosse la lecture. Alors que, dans d'autres circonstances, je me serais rongé les jointures en réalisant que toutes les reprises seraient pratiquées, je les ai accueillies hier avec le sourire. Haydn possédait souffle, phrasé, élégance et juste ce qu'il faut d'éclat au fond de l’œil pour que, après un seul mouvement, je ne puisse m'empêcher de glisser à l'ami qui m'accompagnait une exclamation de plaisir et lui dire combien j'avais hâte de découvrir Mozart sous de tels doigts.
Les VCU Commonwealth Singers de Richmond (Virginie) nous ont ensuite offert deux œuvres contemporaines, l'une très médiatisée, Water Night d'Eric Whitacre, l'autre moins connue, mais d'une sublime beauté, The Ecstasies Above de Tarik O'Regan (d'après un poème d'Edgard Allen Poe). Il y avait quelque chose de très émouvant à écouter ces 40 jeunes voix s'approprier de telles pages. Je me suis même demandée si une plus grande appréciation du répertoire contemporain ne devait pas passer impérativement par les œuvres chorales, tant la voix semble si parfaitement apte à transmettre les subtilités des dissonances, à en adoucir les contours, à les rendre plus humains.
L'après-entracte était consacrée à la Missa in Angustiis (Messe pour des temps difficiles ou Messe Lord Nelson), que je ne croyais pas connaître. Deux pages ont suffi pour que me revienne en tête la partition, que j'ai moi-même chantée à l'adolescence! Il y avait quelque chose de très troublant à retrouver ces lignes ainsi, à la fois de façon émotive et avec la distance permise par les années. Si les solistes ont manqué ici et là d'éclat, musiciens et choristes se sont entièrement investis dans la transmission, menant une salle presque comble à se lever d'un même geste dès la dernière note entendue.
1 commentaire:
Très d'accord avec toi pour tout ce que j'ai entendu (tout sauf la Messe Nelson).
Il faut retourner voir l'Ensemble Appassionata!
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