Mathieu Arsenault avait frappé fort en 2004 avec son Album de finissants (réédité récemment en format poche par Triptyque), une série de courts textes, entre poèmes en prose et spoken word, dénués de ponctuation, portrait cinglant d’une jeunesse que l’on croit revenue de tout, engourdie par l’écoute de musique à tue-tête (et aussi, aujourd’hui, par les médias sociaux, absents du livre), incapable de prendre parole («On a rien à dire nous les jeunes»), mais qui crie quand même sa peur d’être avalée par le conformisme, la répétition des gestes.
Ces compositions souvent très denses, qui exigeaient du lecteur qu’il intègre lui-même sa respiration pour en respecter l’oralité, ne demandaient qu’à être mis en scène et Anne-Sophie Rouleau a bien compris le potentiel de produire à partir de l’indéniable foisonnement un Album de finissants criant de vérité, qui met en jeu cinq jeunes professionnels et vingt finissants de 5e secondaire (quatre distributions différentes, provenant d’autant d’écoles secondaires), chœur redoutable d’efficacité qui nous renvoie au visage aussi bien notre adolescence passée (pas nécessairement une période que la plupart d’entre nous souhaiteraient demain revivre) que l’incapacité du système d’éducation à savoir transmettre la matière autrement qu’en la faisant ingurgiter de force. « L’école c’est pas une prison; c’est pire que ça. »
1 commentaire:
Un petit bijou ! Un propos engagé, de l'audace, des jeunes inspirants. Merci de témoigner de ce beau projet :)
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