samedi 8 mars 2014

Hôtel de rive

Le langage de la marionnette à fils a évolué de façon étonnante au cours des dernières années et on ne peut qu'être soufflé par la maîtrise du médium dont fait preuve Frank Soehnle dans Hôtel de rive, présenté dans le cadre des Trois jours des Casteliers. Il a puisé cette fois son inspiration dans des textes surréalistes et des souvenirs de jeunesse d'Alberto Giacometti, qu'il met en images grâce à une dizaine de petites marionnettes filiformes. Celles-ci, à certains moments, semblent dialoguer avec le comédien français Patrick Michaëlis et à d'autres prolongent une certaine distorsion du temps et des espaces. On peut aussi bien suivre les interactions sur scène que sur écran, grâce à un adroit système de caméras qui ne devient jamais invasif, mais magnifie les expressions du visage particulièrement mobile du narrateur, tout en insufflant une dimension onirique au spectacle.

L'articulation de ces êtres tout en longueur se fait dans la poésie la plus pure, prolongement réussi de l'effet si particulier que continuent d'exercer sur nous les sculptures de Giacometti. L'accompagnement musical, assuré par deux musiciens suisses, qui jouent du trombone et du cor des Alpes (qui aurait cru que cet instrument si encombrant puisse se révéler aussi agile et polyvalent?), en apparence décalé, fonctionne à merveille, offrant peut-être au spectateur une voix narrative plus facilement accessible, les textes surréalistes de Giacometti restant par moments difficiles à apprivoiser.

Vous pouvez encore vous glisser en salle ce soir 21 h, au Théâtre Outremont


Hôtel de Rive Giacometti/Temps horizontal par Gibouleesdelamarionnette

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