mercredi 5 mars 2014

Éloge du théâtre

« Ce que nous devons aimer et soutenir, c'est un théâtre complet, qui délie dans le jeu, dans la clarté fragile de la scène, une proposition sur le sens de l'existence, individuelle et collective, dans le monde contemporain. Le théâtre doit nous orienter, par les moyens de l'adhésion imaginaire qu'il suscite et de son incomparable force quand il s'agit d'éclaircir les nœuds obscurs, les pièges secrets où nous ne cessons de nous fourvoyer et de perdre du temps, de perdre le temps lui-même.
Mais il faut à la fin revenir à cette sorte de miracle: il y a quelques corps, quelque part, sur un plancher, avec de faibles lumières. Ils parlent. Et alors, comme pour Mallarmé du seul mot "fleur" poétiquement prononcé, surgit, éternelle, "l'absente de tout bouquet", vient à ceux qui regardent une pensée neuve sur tout ce qu'ils ne pouvaient faire, alors qu'ils en avaient secrètement le désir. » 

Alain Badiou avec Nicolas Truong, Éloge du théâtre (extrait du chapitre « La place du spectateur »)

2 commentaires:

Marion a dit…

Merci Lucie !

J'ai lu ce texte plusieurs fois en remplaçant le mot théâtre par musique, puis littérature.
Je crois que cinéma pourrait aussi convenir.
Art également. Finalement, culture.
Un message essentiel que celui livré ici.
Merci encore.

Lucie a dit…

Il parle même dans ce livre de rendre le théâtre obligatoire - du type avoir une réduction d'impôt pour ceux qui y iraient. Imagine si c'était adopté pour toute pratique artistique. Ça fait rêver...